Le journal espagnol La Vanguardia a révélé, dans un rapport, une inquiétude croissante au sein des services de renseignement européens, en particulier espagnols, face à ce qu’il qualifie de « menace terroriste croissante liée au Front Polisario », appelant à inscrire cette entité sur la liste des groupes terroristes.
Selon le rapport, des sources du renseignement espagnol ont confirmé que l’Espagne et l’Europe sont confrontées à une menace réelle de la part de deux groupes terroristes opérant librement dans la région instable du Sahel : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, et l’État islamique – Province d’Afrique de l’Ouest (ISWAP). Ce dernier comprend, au sein de sa direction supérieure, des éléments sahraouis extrémistes, dont certains ont grandi dans les camps de Tindouf et ont reçu une éducation et une culture espagnoles dans le cadre du programme « Vacances en paix », qui permet aux enfants des camps de passer l’été en Espagne.
Le journal précise que ces individus maîtrisent parfaitement l’espagnol, ce qui facilite leur intégration dans la société et leur capacité à activer des « loups solitaires » pour mener des attaques terroristes sur le sol européen, une situation qui a provoqué une alerte au sein des cercles de lutte contre le terrorisme.
Le rapport souligne que l’attention portée par l’Europe à la guerre en Ukraine l’a détournée du danger latent à ses frontières méridionales. Les groupes terroristes du Sahel ont adopté une stratégie trompeuse, selon laquelle ils ne cibleraient pas l’Europe tant qu’elle ne s’impliquerait pas dans la région. Cela a conduit l’Union européenne à retirer ses dernières troupes de la zone, y compris une unité espagnole qui a été la dernière à se retirer.
Cependant, la situation a changé, selon la même source, et la phase actuelle est désormais jugée « critique » par les services de renseignement espagnols, en raison du risque que la région devienne une plateforme de lancement d’attaques terroristes contre l’Occident.
Malgré ces menaces, le rapport de La Vanguardia indique que les groupes d’Al-Qaïda et de l’État islamique dans le Sahel traversent actuellement une crise de leadership, ce qui nuit à leur capacité à recruter de nouveaux membres et à coordonner des attaques, en plus de leur incapacité à produire une propagande efficace après l’effondrement du « califat » en Syrie.
Ce qui inquiète particulièrement, c’est la possibilité que ces groupes aient recours à la contrebande de terroristes via les réseaux de trafic d’êtres humains, les intégrant aux vagues de migrants se dirigeant vers l’Europe, rendant ainsi leur détection et leur prévention beaucoup plus difficiles.
En conclusion de son rapport, le journal appelle à une réaction ferme face au danger représenté par les « combattants sahraouis extrémistes » et demande l’inscription du Front Polisario sur la liste internationale des groupes terroristes, en raison de l’implication de certains de ses membres dans la direction et l’exécution d’opérations menaçant directement la sécurité de l’Europe.
Des sources médiatiques espagnoles, notamment dans la région du Pays basque, ont rapporté que les autorités de sécurité ont arrêté deux jeunes Sahraouis originaires des camps de Tindouf, dans le sud de l’Algérie, pour des accusations liées à l’extrémisme et à l’apologie du terrorisme. L’opération d’arrestation s’est déroulée dans la province d’Álava, au nord du pays, dans le cadre d’une vaste enquête sécuritaire sur des activités suspectées d’être liées à des groupes extrémistes.
Des rapports médiatiques ont révélé que l’un des deux jeunes arrêtés entretient des liens étroits avec Khattri Addouh, le nouvel ambassadeur du Front Polisario en Algérie. Les mêmes sources ajoutent que des représentants du front séparatiste ont exercé des pressions sur les médias locaux espagnols pour empêcher la diffusion d’informations indiquant que les suspects sont issus des camps de Tindouf.
Cette affaire relance le débat sur la question de l’extrémisme parmi les populations des camps de Tindouf sur la scène internationale, notamment avec la multiplication des rapports mettant en garde contre l’infiltration de groupes extrémistes dans ces zones isolées. Des centres d’études américains ainsi que plusieurs responsables politiques aux États-Unis ont récemment appelé à classer le Front Polisario parmi les organisations terroristes, en s’appuyant sur des indicateurs croissants de radicalisation dans ces milieux.














